Elixir de Beech ( hêtre )
Conversation avec le grand (h)être
Le grand hêtre me parle en silence.
En observant son geste, j’apprend à le connaître, à apprécier autant son ombre que sa lumière, je comprend sa fragilité et sa force, dans le bruissant langage végétal de son monologue.
» – Je suis le hêtre », me souffle t’il dans le jeu de lumière de son sous bois, « je suis le grand hêtre qui rougeoie avec ses frères sur les flancs de collines au sortir de l’hiver ».
« Je suis hypersensible, je capte de toutes mes fibres et de tous mes poils les vibrations de l’Univers et je reçois tout ce que le monde envoie de violence, de barbarie, de corruption. »
Il dit encore : « Je me protège des affres de ce monde. Regroupé avec mes congénères, nous ne laissons aucune autre espèce envahir notre espace. Pour cela, nous avons nos secrets pouvoirs souterrains qui découragent tout intrus.
Je capture l’énergie du soleil de toutes mes feuilles que je déploie dans chaque parcelle de lumière qui pénètre le sous bois. Je croîs haut, toujous plus haut, tant la lumière m’attire et tant j’ai besoin d’Elle.
Chaque printemps, je me renouvèle pour faciliter l’éclosion de ma descendance, faisant émerger mes feuilles naissantes d’un cocon duveteux et rembourré, protecteur. j’accueille douillettement mes fleurs au bout de mes jeunes rameaux encore doux et tendres, ouatés.
je mets toute mon énergie dans ma floraison, et elle est abondante, généreuse, festive aussi avec mes pompons légers gonflés de pollen qui se balancent au gré de la brise ou du vent d’autan…
Si belle pourrait être ma vie d’arbre noble et pourtant je suis le plus souvent blasé par la noirceur du monde. Je suis ainsi fait et je me retranche petit à petit dans ma carapace. mes feuilles duveteuses deviennent plus rigides, le bourgeon du bout des rameaux se durcit en une cage qui emprisonne mon fruit, ma faine, ma graine, ma création.
Voyez à quel point je peux être excessif dans mes principes, rigide et intolérant aux comportements différents des miens.
Oui, je suis le grand hêtre et beaucoup comparent mon pied à la patte de l’éléphant, tous les deux lisses, gris-blanc, avec des cercles qui se nouent sur mon écorce comme les articulations du pachyderme.
J’aime cette comparaison et mes frères et moi formons comme un immense troupeau à la Dali, aux gueules incertaines disparues au dessus de nos feuillages.
Mais ne vous y fiez pas.
Je suis le grand hêtre et pourtant je suis fragile, j’ai mes faiblesses. Je ne peux que faiblement m’enfoncer dans la terre, j’ai beau m’agripper de toutes mes racines étalées dans le sol instable que chaque pluie d’orage fait ruisseler, sur les flancs escarpés des premiers contreforts montagneux que j’affectionne tant, rien n’y fait.
Sont elles, mes chères racines, plutôt qu’une faiblesse, un moyen de défense supplémentaire, comme une facilité d’envol, de lâcher-prise, quand les circonstances l’exigent ?
quand les tempêtes brisent tout ce qui leur résiste ?
Je suis le grand hêtre, vous m’apercevrez parfois solitaire , orphelin, parmi les frênes et les chataîgners, les chênes blancs et verts. Vous me reconnaitrez sans hésitation, à mon élégance, ma majesté, à ma flamboyante robe d’automne, si noble, même quand je suis isolé de mes semblables.
Voyez comme j’ai une haute idée de ma personne, et il faut dire que j’ai des raisons d'(h)être fier ! J’ai réussi une belle croissance malgré mes handicaps et ma descendance germe en abondance chaque printemps. je donne un bon bois à qui a froid et j’atteins la lumière du soleil, aussi haut qu’il faille s’élever.
Au regard de mon expérience, les autres sont souvent sujet de mes critiques…
D’ailleurs, je t’ai détesté, humain, toi et tes semblables. je t’ai détesté de ton agitation malveillante, du chaos que tu sèmes dans les tribus végétales. Oui, c’est vrai, longtemps je t’ai méprisé de suivre tes lois et tes voies, alors qu’en m’observant, en te tenant groupé et silencieux, en t’élevant jusqu’à la lumière dont tu as besoin, tu aurais pu vivre en majesté, comme je le fais, dans l’ombre et la lumière. Voilà que Je ne pouvais plus te supporter, toi et tes activités empoisonneuses, jusqu’à ma rencontre avec le bon docteur.
Après m’avoir longtemps observé, lui aussi, le bon docteur Bach m’a reconnu parmi ses 38 fleurs, pour apporter la tolérance et la Vision du beau dans le monde, il m’a ramené à ma vraie nature, ma véritable histoire, faite de toute cette beauté que je vous partage.
Et depuis que je connais ma mission, je ne te hais plus, humain, ni ne te critique car j’ai compris que tu es aussi un (h)être du Vivant.
Je traverse maintenant ma longue vie avec Amour et Bonheur, sensible à la beauté éphémère du temps et à la sublime diversité du vivant…
Je suis le grand Hêtre, n’oubliez pas mon nom.
De tout mon élixir, je soutiens qui me ressemble et j’éclaire son chemin de ce « bien (h)Être » qui est mien … »
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